C’est mon sixième billet posté sous le marqueur Israël, mais le premier en français. Cela est dû principalement au fait que je vais mentionner des vidéos qui, pour la plupart, sont en français. De toute façon, à trois semaines de la tragédie du 7 octobre, je me vois basculer nettement contre les actions de l’Israël, d’aujourd’hui comme d’autrefois, ne se réclament d’aucune honnêteté. De l’autre part, si l’on aimait tous voir Hamas anéanti, il y a toujours le problème du peuple palestinien qui, lui, est discriminé depuis quelque 90 années, d’avant-même la formation de l’État d’Israël.

1. Le déclic, ou plutôt la dernière goutte

Il faut dire que j’étais déjà en colère depuis qu’Israël continuait à s’opposer à l’approvisionnement en carburant de la bande de Gaza. Mais il fallait encore un petit coup de pouce pour me faire presque passer de l’autre camp. Non, pas celui du mouvement terroriste Hamas ! Du camp de la justice, quoi.

Mais il m’est arrivé d’avoir visionné le documentaire suivant : Une terre deux fois promise, Israël-Palestine (2018), une réalisation Roche Productions (ça existe aussi en anglais). Sur YouTube, postés illégalement (illicitement, plutôt), on y trouve :

1. Première partie : 1897-1948

2. Deuxième partie : 1948-1967

Ce que j’avais visionné en première place, c’était la version anglaise publiée par Deutsche Welle :

3. [2023-05-13] Israel – Birth of a state

Ce n’est que la première partie, malheureusement. Impressionné, j’avais écrit sur Facebook :

This documentary was posted by Deutsche Welle on May 13. It’s actually just the first part, 1897-1947, of a two-part documentary (1948-1967 is not included here) co-produced by Roche Productions and ARTE whose original English title was “Israel, a Twice Promised Land” (FR: “Une terre deux fois promise, Israël-Palestine”). Its merit is that it proves, without specifically saying it, that EVERYONE was at fault: the British, the Americans, the Europeans, the Jews, the British, the Jews, the Arabs, EVERYONE. Why is that I mentioned twice both the Jews and the British? Because the land of Palestine was already heavily inhabited by Arabs, so the Jews really stole the land from them! At the same time, the post-war treatment the Holocaust survivors were given in Europe was a shame and a disgrace. And the British repeatedly rejected and deported them from the Mandatory Palestine, despite their mandate approaching the end. Why the fuck were they doing that? Among other aspects: the Mufti of Jerusalem being pro-Nazi during the war; the Jews performing acts of terror against the British; the Arabs rejecting the UN partition plan (to which the Jews had no shame in pretending that the entire Palestine should belong to them). Sure thing, the first ever war in the history of the state of Israel (the 1948 Arab-Israeli War) will change the situation in East Jerusalem, Gaza and the West Bank; what happened in 1967 is the subject to another 52-minute episode.

J’ai trouvé assez sincère ce monsieur, né en 1947 à Haïfa, qui est l’auteur de plusieurs livres, dont Dictionnaire amoureux de la Palestine (Plon, 2010, mais Prix Constantinople 2022), Le Rescapé et l’Exilé. Israël-Palestine. Une exigence de justice (avec Stéphane Hessel, chez Don Quichotte éditions, 2012), La Palestine expliquée à tout le monde (Seuil, 2013). Jean Genet était un de ses amis (ou l’inverse).

J’ai continué mon itinéraire sur YouTube :

4. Israël-Palestine : La guerre secrète du Mossad (2013), une production Première Lignes (Canal+ Spécial Investigation)

« Nous gagnons toutes les batailles, mais nous perdons la guerre. »

5. Voyage dans une guerre invisible (2013), une production Première Lignes (Canal+ Spécial Investigation)

Les colons israéliens font la loi en territoires occupés, notamment dans les colonies de la ville d’Hébron. C’est tout. “Les Palestiniens sont provisoires ici.” Ils n’ont aucune nationalité !

On y présente également l’histoire ancienne de ces terres. La plus longue période de paix, sous les Ottomans.

Le massacre d’Hébron de 1994 (de la mosquée d’Ibrahim / du Tombeau des Patriarches) : le 25 février 1994, un colon israélien ultra-orthodoxe tua 29 Palestiniens et en blessa 125 autres, alors qu’ils étaient en train de prier un vendredi du mois sacré de ramadan.

En 2000, Netanyahu avait avoué qu’il faisait usage d’une interprétation personnelle des accords d’Oslo pour saboter l’État palestinien et pour encourager les colons.

Les kibboutzim des années 1930 étaient crées par des utopistes, mais aujourd’hui, les implantations sont faites par des ultra-religieux. Uri Ariel, le ministre du logement israélien en personne, est un colon : « Tout est à nous. »

6. Israël : sous la pression des ultras (2016), un film de Bethsabée Zarka (Canal+ Spécial Investigation)

Un tel lavage des cerveaux, c’est rarement vu ! Tout est décidé par le rabbin : si quelqu’un peut obtenir le permis de conduire, s’il peut utiliser un smartphone (mais pas n’importe lequel, et pas n’importe quelle application)… Et les hommes ne travaillent pas, ils étudient la Torah.

Ils brûlent même le drapeau d’Israël et ils ont serré la main du leader de l’époque de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad ! (Pour eux, leur état s’appelle Palestine.)

Tous les vendredis à 15 heures, Jérusalem devient une ville morte. Sans avoir aucun droit, ces extrémistes forcent tous les commerces de fermer, même s’ils ne sont pas dans leurs quartiers.

Et les ultra-orthodoxes représentent la moitié des votants à Jérusalem. Avec une moyenne de six enfants par foyer, ça donne des sueurs froides en ce qui concerne l’avenir.

Divorcer, par la grâce d’un tribunal religieux, peut durer des années, si cela arrive. Même les commissions parlementaires n’ont aucun pouvoir de changer quoi que ce soit.

Deux partis politiques ultra-religieux occupaient, à l’époque du reportage, 11% des sièges du parlement.

À mon avis, ces ultra-orthodoxes sont la version juive, non pas des Frères musulmans, mais carrément des Talibans, point final.

7. Palestine : l’impossible État ? (2010), une production Hervé Chabalier, Agence CAPA (France 5)

Plusieurs thèmes sont abordés : à quoi pourraient ressembler les frontières du futur État palestinien ? Qu’adviendra-t-il de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, ces territoires séparés géographiquement et, aujourd’hui, politiquement ? Jérusalem pourra-t-elle être partagée ? Enfin, après tant d’années de conflit, la coexistence entre Israéliens et Palestiniens sera-t-elle encore possible ?

Il y en a des gens optimistes, mais je trouve cet optimisme totalement injustifié.

2. D’autres vidéos informatives, réalisées par ARTE

8. [2023-10-20] Une brève histoire de Gaza – avec Jean-Pierre Filiu

Comment le blocus de Gaza a consolidé le pouvoir du groupe Hamas et a affaibli l’Autorité Palestinienne. Très instructif.

Professeur des universités en histoire du Moyen-Orient à Sciences Po Paris, Jean-Pierre Filiu est l’auteur de livres tels que : Les Frontières du jihad (Fayard, 2006), L’Apocalypse dans l’Islam (Fayard, 2008) / Apocalypse in Islam (University of California Press, 2011), Les Neuf Vies d’Al-Qaida (Fayard, 2009), Histoire de Gaza (Fayard, 2010 et 2015) / Gaza. A History (Oxford University Press, 2014), La Révolution arabe (Fayard, 2011), Le Nouveau Moyen-Orient (Fayard, 2013), Je vous écris d’Alep (Denoël, 2013), Le miroir de Damas (La Découverte, 2017), Généraux, gangsters et jihadistes (La Découverte, 2018), Main basse sur Israël : Netanyahou et la fin du rêve sioniste (La Découverte, 2019), Algérie, la nouvelle indépendance (Seuil, 2019).

9. [2023-10-27] La guerre Israël-Hamas vue par le général Dominique Trinquand

Hamas ne s’éradique pas comme ça.

10. [2023-01-21] Les Palestiniens : quel État ?

Dans un article, le chercheur Robert Bistolfi écrivait : « Comment répondre équitablement à deux aspirations nationales concurrentes sur une même terre, les deux se réclamant de légitimité de nature différente ? »

L’histoire de la région, de 1922 à nos jours.

11. [2022-09-10] Israël : conflit sans issue, nouvelles alliances

Une autre récapitulation de l’histoire et des enjeux.

12. [2021-10-06] Israël : les routes de l’annexion (reportage)

Voies rapides, tunnels, viaducs, parkings de dissuasion… l’État hébreu investit des sommes considérables dans ce territoire occupé. Ces routes sont le moteur de la colonisation. Elles encouragent les Israéliens de l’intérieur à s’installer dans des colonies-dortoirs désormais reliées aux grandes villes par des axes modernes et sécurisés. Étourdissant.

13. [2020-06-29] Israël : les naufragés des deux Palestine (reportage)

Vraiment intéressant. On en parle également du déchirement entre Hamas et Fatah.

On ne peut pas s’opposer au Hamas. Mais l’Autorité palestinienne n’est nullement démocratique non plus. C’est une symétrie de la terreur entre Hamas à Gaza et Autorité palestinienne en Cisjordanie.

14. [2023-10-14] Spécial Israël-Palestine : combien de guerres ? – avec Frédéric Encel

Éclairage du géopolitologue Frédéric Encel sur la situation géopolitique actuelle et ses acteurs clés (États-Unis, Iran, Qatar, Arabie saoudite). En passant, une brève histoire du conflit israélo-palestinien.

15. [2021-05-19] Israël-Palestine : quelle solution ? – avec Frédéric Encel

Aucune solution ne semble possible, même si Hamas n’existait pas. Les Palestiniens qui envisagent vivre comme des citoyens normaux d’un seul grand état qui s’étendrait du Jourdain à la Méditerranée se trompent, parce que jamais les Israéliens ne l’accepteront. L’un des principes fondateurs du mouvement sioniste, c’est un État pour le peuple juif qui serait non pas exclusif, mais majoritaire, voire très majoritaire. Or, démographie aidant, les Palestiniens devraient un jour devenir majoritaires.

16. [2023-06-26] Cisjordanie : la guerre des collines (reportage)

Au Nord de la Cisjordanie, autour de Naplouse, se joue un nouvel épisode du conflit israélo-palestinien : la guerre des collines. Elle oppose des jeunes colons juifs radicaux, protégés par l‘armée israélienne, à de jeunes Palestiniens militants d’un nouveau groupe armé : la Fosse aux Lions.

3. Une 3ᵉ série de vidéos — divers réalisateurs

17. Histoire Géo : Histoire des juifs – Résumé depuis 750 av. J-C jusqu’au conflit israélo-palestinien

18. Histoire Géo : Le conflit israélo-palestinien – Résumé depuis 1917

19. [2023-10-27] France Inter : Israël-Palestine : Anatomie d’un conflit (playlist)

20. [2023-10-27] Le Figaro : Comprendre la longue histoire du conflit israélo-palestinien en cartes

Depuis les premières vagues d’immigration juive à la fin du XIXe jusqu’à l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, Le Figaro retrace l’histoire de ce conflit sanglant en cartes et dates clés.

21. [2023-10-28] Vox: Gaza, explained

Since 1967, Israel has imposed tight restrictions on travel and essential goods such as food, fuel, medicine, and water in its occupied territories. In 2007, those restrictions became even tighter in Gaza after Hamas seized power there. Since then, it has been nearly impossible for Palestinians to leave Gaza or to access an adequate supply of essential goods. This latest episode of Vox Atlas explains how the experience of Palestinians in Gaza got to this point, and what’s behind Israel’s occupation and its blockade of Gaza.

22. Ben-Gurion, un État coûte que coûte, un film de Edoardo Malvenuti (Mareterraniu Productions, France Télévisions)

Après cinq décennies de combat inlassable, le père fondateur d’Israël s’est transformé de militant socialiste dans un nationaliste guerrier.

23. Proche-Orient : une paix impossible ? (Camp David : le prix de la paix), un film de Edoardo Malvenuti sur le Traité de paix israélo-égyptien de 1978

On apprend que le président égyptien Anouar el-Sadate comprenait le problème palestinien, mais il haïssait Yasser Arafat, et il estimait qu’un État palestinien aurait posé des problèmes de sécurité dans la région, alors il a eu la même agenda que le Premier Ministre israélien Menahem Begin.

C’est peut-être le seul traité de paix qui est toujours respecté dans la région.

24. [2022-12-27] ARTE : Liban : au cœur du Hezbollah (disponible jusqu’au 20/09/2025)

Cette vidéo aide à comprendre le fait que, le plus probablement, le mouvement terroriste Hezbollah soutenu par l’Iran n’aurait pas existé si en juin 1982, sous l’impulsion de son ministre de la Défense Ariel Sharon, Israël n’aurait pas envahi le sud du Liban dans le but de liquider Yasser Arafat, réfugié à Beyrouth, et l’OLP.

25. [2020-02-28] Mediapart : Sylvain Cypel: l’Etat d’Israël contre les Juifs

Sylvain Cypel, fils d’un Juif d’Ukraine, a vécu en Israël 12 ans de sa jeunesse, où il a étudié à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il est toutefois un journaliste et un activiste pro-palestinien. Parmi ses livres, L’État d’Israël contre les Juifs (La Découverte, 2020) / The State of Israel vs. the Jews (Other Press, 2021).

En résumé, ce livre est le récit d’une longue dérive de l’État d’Israël vers un régime ethniciste, raciste, belliqueux, faisant un usage systématique et disproportionné de la violence à l’encontre des Palestiniens. Mais à part cette politique qui ressemble fort à un régime d’apartheid, cette dérive illibérale menace aujourd’hui les Israéliens eux-mêmes, aussi que les Juifs du monde entier.

4. Question de perspective

Michel Onfray, le 19 octobre, en voulant condamner les actions de Hamas, ne se rend pas compte du ridicule de la comparaison avec les résistants qui, eux, n’avaient jamais posé une bombe dans un cinéma pour tuer trois officiers nazis, tuant en même temps 50 personnes qui étaient dans le cinéma. D’accord, Hamas a tué à l’aveuglette dans les kibboutzim, mais c’est exactement ce qu’Israël fait au Gaza : pour tuer trois terroristes du Hamas, ils tuent en même temps 50 personnes qui était dans l’immeuble ciblé et touché par le missile !

Ceci dit, oui, en France, l’islamo-gauchisme est une ignominie. Oui, l’Europe est conquise par l’Islam et, ce qui est pire, par les Islamistes. En France, en Belgique, en Suède, etc., le danger des attentats terroristes est majeur, et pourtant la gauche voit de l’islamophobie partout. Toutefois, cela ne justifie aucunement la carte blanche inconditionnelle que l’Occident a donnée à l’État hébreu.

En même temps…

Les communautés palestiniennes ont raté l’occasion de dire, au lendemain du massacre du 7 octobre, « ce n’est pas nous ». Et cela fait toute la différence.

Revenons aux autres avocats d’Israël. Pratiquement tous les intellectuels de France d’origine juive ne trouvent aucune faute à Israël (oh, quelle impartialité !). BHL ne fait pas exception :

Donc, vu que l’Israël adjure (non, mais sans blague ?) les Gazaouis du nord de se déplacer « provisoirement » vers le sud, peu importe que le déplacement soit difficile, que les gens sont très pauvres, qu’ils n’ont pratiquement pas où s’entasser ; pour BHL, l’Israël a fait tout le possible pour qu’il n’y ait pas de victimes civiles. Mais d’autant plus que, comme BHL l’admet, le Hamas empêche les gens de se déplacer vers le sud, en établissant des checkpoints, pour que ces Palestiniens jouent le rôle de bouclier humain, et que Hamas a une stratégie de bain de sang, ne faudrait-il pas alors de ne pas faire le jeu du Hamas, de ne pas tomber dans le piège, et de ne pas pilonner Gaza (même le sud, hein) jusqu’à faire 8 000 morts en trois semaines ? Oh là là, les images empêchent BHL de dormir, mais elles ne l’empêchent pas de soutenir les actions de l’État hébreu sans un seul bémol ! Mais on continue :

Israël « s’oblige » à respecter le droit humanitaire. Il fait « tout ce qui est en son pouvoir » pour que les victimes civiles soient les moins possibles. Israël dit aux Gazaouis : « partez, ne restez pas les otages de ces salopards ». Tiens, BHL a oublié qu’il y a six minutes, il avait affirmé que les salopards de chez Hamas empêchent les gens de fuir vers le sud ! « Donc le droit humanitaire est dans la tête et le cœur des Israéliens » … tout comme la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu ! Finalement…

…c’est la preuve suprême de la mauvaise foi de BHL : la comparaison avec la bataille de Mosul (octobre 2016 – juillet 2017). Peut-être qu’il fallait insister sur les victimes civiles à l’époque, mais de toute façon, les faits sont tels : une coalition de plus de 100 000 hommes (Irakiens, Kurdes, Turcs, Américains, Britanniques, Français, etc.) ont tué en sept mois des milliers de combattants de Daech (on ne connaît pas exactement leur nombre, de 8 000 à 25 000), avec des pertes assez modiques (quelque 1 200 militaires irakiens, 30 Kurdes, 2 Américains), en provoquant collatéralement la mort d’environ 10 000 civils, et le déplacement forcé de presque un million. En sept mois, pas en quelques semaines !

5. Intermezzo d’actualité

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a déclaré, lors d’un rassemblement pro-palestinien de grande ampleur à Istanbul, samedi 28 octobre :

« Le Hamas n’est pas une organisation terroriste, mais vous, Israël, êtes l’occupant. »
« Les principaux coupables des massacres à Gaza sont les Occidentaux. À l’exception de quelques consciences qui ont élevé la voix, ces massacres sont totalement l’œuvre de l’Occident. »
« Je le demande à l’Occident : allez-vous créer une nouvelle atmosphère de croisades à l’encontre du Croissant ? »
« Vous avez pleuré les enfants tués en Ukraine, pourquoi ce silence face aux enfants tués à Gaza ? »
« Bien sûr, chaque pays a le droit de se défendre, mais où est la justice ? Ce qui se passe à Gaza n’est pas de l’autodéfense, mais un massacre. »
« Israël, nous te proclamerons criminel de guerre à la face du monde. Nous faisons le nécessaire pour que tu sois déclaré criminel de guerre. »

C’est la faute de l’Occident d’avoir encouragé la Turquie, cet État qui est à l’origine du problème non résolu et insoluble du Chypre du Nord, une sorte de Transnistrie chypriote, avec la Turquie pour le rôle de la Russie. Comment négocier une possible adhésion d’un tel pays à l’Union européenne ? Et comment le considérer un allié dans le sein de l’OTAN ?

Dans son rêve de faire renaître l’Empire Ottoman, Erdoğan cherche des alliances avec l’Iran, la Russie et la Chine, pas avec le monde plus ou moins démocratique.

Mais l’Occident récolte ce qu’il a semé.

6. En quête d’une conclusion

Cette dernière phrase s’applique également à l’État hébreu. L’ironie fait que la source du proverbe « Qui sème le vent récolte la tempête » se trouve dans le Livre d’Osée 8,7 (un livre de la Bible hébraïque) : « Puisqu’ils ont semé du vent, ils moissonneront la tempête. »

Ce que je veux dire, le plus bref possible, mais en toutes lettres :

  1. C’est vrai qu’après la destruction du Second Temple à Jérusalem en 70 par les Romains et la dispersion des Juifs dans tout l’Empire romain, ce qui a créé une importante communauté juive en Europe, le peuple juif a subi beaucoup de persécutions et pogroms, que ce fût dans le monde catholique ou dans l’orthodoxie orientale. Pour ne citer que partiellement, et sans inclure la Shoah : le massacre de Worms en 1096, l’affaire Hugues de Lincoln 1255, le massacre d’Erfurt de 1349, le massacre de Bâle de 1349, le pogrom de Strasbourg de 1349, les persécutions anti-juives de 1391 en Espagne, le pogrom de Lisbonne de 1506, le massacre d’Ouman de 1768, le pogrom de Varsovie de 1881, les pogroms antisémites en Russie impériale, y compris en Ukraine, en Biélorussie et en Pologne (Kiev 1193, Odessa 1821, Akkerman 1862, Kiev 1881, Elisavetgrad 1881-1884, Starodoub 1891, Koutaïssi 1895, Chpola et Kantakouzenka 1897, Nikolaïev 1899, Chișinău 1903 et 1905, Minsk, Brest, Białystok, Ekaterinoslav, Makarevo et Kertch en 1905, puis 690 autres pogroms dans 102 villes et bourgades différentes en octobre 1905, Gomel, Bialystok et Siedlce 1906, Kiev 1911), puis les pogroms en Ukraine de 1919, le pogrom de Lwów de 1918, les pogroms en Biélorussie pendant la guerre civile russe en 1918-1922, les violences antisémites en Tchécoslovaquie en 1918-1920, les violences antisémites en Pologne en 1944-1946, les violences antisémites en Slovaquie en 1945-1948.
  2. C’est alors vrai que les Chrétiens ou des gens vivant dans une culture chrétienne leur ont fait plus de mal que le monde arabe ou plus généralement musulman qui, il faut toutefois noter, vers 1800 hébergeait déjà moins de Juifs que l’Europe. Il reste pourtant vrai qu’avant le tournant du XXe siècle, les Juifs de Palestine et du Moyen-Orient étaient généralement moins susceptibles de subir des pogroms par rapport à leurs homologues juifs en Europe, sinon spécialement en Europe de l’Est et l’Empire Russe. Les Juifs entretenaient des relations variables, mais plutôt bonnes avec leurs voisins arabes et musulmans, et même les lois discriminatoires imposées par les autorités ottomanes ne les ciblaient pas particulièrement, car elles visaient également les Chrétiens. Les tensions intercommunautaires occasionnelles étaient, il me semble, beaucoup plus rares dans le Moyen-Orient qu’en Europe.
  3. Les Juifs avaient alors tout intérêt de ne pas gâcher leurs relations avec le monde arabe, une fois qu’ils envisageaient un retour en masse vers la Palestine, comme prévu par Theodor Herzl et par les sionistes libéraux du Premier Congrès Sioniste de 1897.
  4. Malheureusement, ce qui se passa dans la Palestine sous mandat britannique après 1923 fut tributaire à la philosophie extrémiste du sionisme révisionniste de Zeev Vladimir Jabotinsky qui envisageait une occupation totale de la Palestine et une expulsion des Arabes qui y résidaient, refusant tout partage du territoire.
  5. C’est ici que le fil de la Justice s’est rompu. C’est vrai que l’Europe devenait de plus en plus antisémite et meurtrière. C’est vrai que tout le monde refusait les Juifs qui fuyaient le Nazisme, y compris les États-Unis mais, plus grave encore, les Britanniques de Palestine. C’est comme si ces derniers avaient oublié la Déclaration Balfour de 1917 ! Toutefois, les Arabes de Palestine n’y étaient pour rien.
  6. Enfin, pas exactement pour rien. Il y avait les émeutes du 23 au 29 août 1929, suite à un différend de longue date entre Arabes et Juifs sur l’accès au Mur des Lamentations à Jérusalem : 133 Juifs et 110 Arabes tués. Simultanément, dans le massacre d’Hébron du 24 août 1929, suite à des rumeurs selon lesquelles les Juifs essayeraient de conquérir les lieux saints de Jérusalem, des Arabes tuent environ 70 Juifs ; une partie des Juifs survivants sont sauvés grâce à l’intervention de leurs voisins arabes.
  7. Ce n’est nullement une excuse, mais quand le mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, a établi un contact avec les nazis en 1941, en opposition à la présence juive en Palestine mandataire, il y avait déjà quelque 450 000 Juifs en Palestine mandataire (contre 1,3 million d’Arabes), et ceux-ci avaient commencé à disloquer les Arabes, en achetant les terres des propriétaires arabes avec l’argent des organisations juives étrangères. Quand les conflits fonciers ont déclenché en Palestine mandataire la révolte arabe de 1936 à 1939, les autorités britanniques l’ont réprimée (bilan : environ 7 000 morts et blessés, dont 3 500 Arabes, 2 500 Juifs et 600 Britanniques).
  8. En 1936, la Commission Peel débarque en Palestine pour enquêter sur les raisons de la révolte arabe de 1936, après une grève générale de six mois. En 1937, elle recommande que le Mandat soit aboli et que les territoires sous son autorité soient répartis entre un État Arabe et un État Juif. Le partage proposé était assez proportionnel : 25% pour les Juifs (qui étaient quelque 400 000), 75% pour les Arabes (env. 1,2 million). Toute la société arabe refuse ce plan, parce qu’il impliquait des transferts de population (notamment les 225 000 Arabes qui habitaient le territoire du futur État Juif), et que le plus productif terrain était alloué aux Juifs, qui devraient contrôler l’exportation des citriques, qui composaient 82% des exportations de la Palestine mandataire. Le Congrès Sioniste initialement rejette le plan (David Ben-Gurion : « Il ne saurait être question pour nous de renoncer à une quelconque partie de la terre d’Israël. »), mais le Congrès finit par approuver de manière équivoque les recommandations de Peel comme base de négociation. Finalement, une nouvelle commission créée en 1938, la Commission Woodhead, après avoir examiné trois plans possibles, rejette celui de Peel, au motif qu’il ne pourrait être mis en œuvre sans un transfert forcé massif d’Arabes. Entre-temps, à la conférence pan-arabe de Bloudan de 1937, plusieurs résolutions ont été adoptées pour rejeter à la fois le plan de partage de la Palestine et l’établissement d’un État juif dans cette région.
  9. Dans l’espoir de résoudre finalement le conflit, le Gouvernement britannique emet Le livre blanc de MacDonald de 1939 (Palestine Statement of Policy), qui n’est plus favorable aux Juifs, car il limite l’immigration juive à 75 000 personnes pour les cinq ans suivants, et stipule que les Juifs ne peuvent acheter de terres arabes que sur 5 % du territoire du Mandat. Ce document s’achève avec ces propos : « His Majesty’s Government cannot hope to satisfy the partisans of one party or the other in such controversy as the Mandate has aroused. Their purpose is to be just as between the two people in Palestine whose destinies in that country have been affected by the great events of recent years, and who, since they live side by side, must learn to practice mutual tolerance, goodwill and co operation. In looking to the future, His Majesty’s Government are not blind to the fact that some events of the past make the task of creating these relations difficult; but they are encouraged by the knowledge that as many times and in many places in Palestine during recent years the Arab and Jewish inhabitants have lived in friendship together. Each community has much to contribute to the welfare of their common land, and each must earnestly desire peace in which to assist in increasing the well being of the whole people of the country. The responsibility which falls on them, no less than upon His Majesty’s Government, to co operate together to ensure peace is all the more solemn because their country is revered by many millions of Moslems, Jews and Christians throughout the world who pray for peace in Palestine and for the happiness of her people. » C’était un vœu pieux.
  10. Ce document n’a aidé à rien. Après l’avoir opposé initialement, les délégués arabes palestiniens signent ce document. Les sionistes, eux, ils le rejettent furieusement et ils entament une opposition agressive, en commençant par une grève générale. En réponse au livre blanc, le groupe militant sioniste Irgoun commence à formuler des plans pour une rébellion visant à évincer les Britanniques et à établir un État juif indépendant. David Ben Gourion : « Nous combattrons le livre blanc comme s’il n’y avait pas de guerre, et nous combattrons la guerre comme s’il n’y avait pas de livre blanc ».
  11. Car ce sont les Juifs de Palestine mandataire qui ont inventé le terrorisme dans la région ! Les sionistes révisionnistes avaient créé trois organisations armées sionistes : la Haganah de David Ben Gourion, fondée en 1920 en tant qu’aile armée de l’Agence juive ; l’Irgoun ou Etzel de Menahem Begin, créée en 1931 en tant que faction plus radicale que la Haganah ; et Lehi ou le Groupe Stern, fondé par Avraham Stern en 1940. Encore plus radical que l’Irgoun, le Groupe Stern a mené des opérations violentes contre les Britanniques, qu’il considérait comme des occupants en Palestine mandataire. Naturellement, la Palestine appartenait de droit au peuple hébreu, quoi.
  12. Après une trêve pendant la Deuxième Guerre Mondiale, les trois organisations armées sionistes forment un commandement unifié et décident de reprendre le combat contre les Britanniques, en commençant avec l’attentat de l’hôtel du Roi David à Jérusalem (qui hébergeait le quartier général de l’armée britannique) du 22 juillet 1946, soldé avec 91 morts, dont 25 Britanniques.
  13. On connaît l’échec du plan de partage de la Palestine élaboré par le Comité spécial des Nations Unies sur la Palestine (UNSCOP), voté le 29 novembre 1947.
  14. On connaît la guerre civile en Palestine de 1947-1948, entre le lendemain du vote des Nations Unies (30 novembre 1947) et la création de l’État d’Israël (14 mai 1948).
  15. On connaît la guerre israélo-arabe de 1948, « guerre d’indépendance » pour les Israéliens, mais « al-Nakba » (« la Catastrophe ») pour les Palestiniens.
  16. Il est moins connu l’épisode du bateau Altalena, utilisé par l’Irgoun en 1948 pour importer clandestinement des armes en Israël, qui a presque déclenché une guerre civile israélo-israélienne quand le bateau fut attaqué et incendié par Tsahal (IDF, l’armée de l’État hébreu) le 22 juin 1948, sur ordre du premier ministre David Ben Gourion. Cinq semaines après la création de l’État juif, les soldats juifs de la toute nouvelle armée israélienne se tirent dessus ! Du côté de la Hagana, le commandant de Tsahal Yitzchak Rabin, autre futur Premier ministre d’Israël, n’a pas pu éviter le chaos. Néanmoins, pour beaucoup de gens, c’est lui qui porte le blâme. En effet, lorsque Yigal Amir, l’assassin de Rabin, fut interrogé en 1995, 47 ans après l’affaire de l’Altalena, il déclara : « Rabin est responsable du naufrage de l’Altalena. »
  17. On connaît la guerre israélo-arabe de 1948-1949. À sa fin, le projet d’un État palestinien est abandonné. La bande de Gaza est administrée par l’Égypte. La Transjordanie, devenue Jordanie, annexe Jérusalem-est et la Cisjordanie. Israël annexe Jérusalem-ouest et reste avec 77 % de l’ancienne Palestine mandataire, soit 50 % de plus que ce qui était prévu par le plan de partage de l’ONU.
  18. Si au moins les frontières d’Israël restait à cet état ! Mais il y aura la guerre des Six Jours (du 5 au 10 juin 1967). Résultat : occupation par Israël du Sinaï, du plateau du Golan, de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Autre conséquence, la résolution de Khartoum du septembre 1967, définissant une ligne de conduite commune des pays arabes : pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance d’Israël, pas de négociation avec Israël.
  19. Ensuite, la guerre du Kippour ou la guerre israélo-arabe de 1973. En réaction au soutien américain à l’Israël, les pays arabes décident, le 17 octobre 1973, d’un embargo sur le pétrole à destination des États occidentaux. Cela conduit au choc pétrolier de 1973.
  20. L’Irgoun sera absorbé en 1948 par le parti Hérout, nouvellement créé par Menahem Begin. Le Hérout sera en 1973 la principale composante de la création du Likoud, qui sera le gagnant des élections législatives de juin 1977. Le chef actuel du Likoud : Benyamin Netanyahou.
  21. Le reste est de l’histoire plus récente. Je ne vais pas insister sur le Fatah, sur l’Organisation de libération de la Palestine, sur Yasser Arafat. Je n’oublierai pourtant pas l’intervention militaire israélienne au Liban de 1982 (l’opération Paix en Galilée, qu’elle se nommait dans l’hypocrisie de l’État hébreu), un épisode important de la guerre civile libanaise (1975-1990), qui est probablement en grande parte responsable de la création de l’organisation Hezbollah, soutenue par l’Iran.
  22. Hamas ? Une tragédie pour les Arabes Palestiniens. Ils l’ont voté, puis celui-ci a créé une dictature à Gaza.
  23. Les accords d’Oslo ? Une bonne blague pour Benjamin Netanyahou. Les accords d’Abraham ? Un moyen de saper la solution à deux États.
  24. Les implantations israéliennes dans les territoires occupées, notamment en Cisjordanie : il y a des vidéos que je vous ai recommandées. Les exactions des Juifs ultra-orthodoxes : idem. La politique discriminatoire de l’État hébreu : ça aussi.
  25. On prône toutefois la soi-disant démocratie israélienne. « Le seul État démocratique de la région. » Une démocratie qui ne connaît pas le mariage civil, laïque, et par conséquent ni le divorce civil. En fait, il s’agit d’une théocratie, bien que plus démocratique que celle de l’Iran. Mais on est loin d’une vraie démocratie.

7. La vraie conclusion, cette fois

Je crois au principe selon lequel aucune réparation et aucun droit légitime ne justifient ni la terreur ni l’injustice faite aux autres. Je condamne énergiquement toutes les organisations terroristes du monde, d’aujourd’hui ou d’hier. Mais le chemin emporté par l’Israël ne mène nulle part sinon à la catastrophe. Ce n’est pas la voie vers la paix et, dans l’immédiat, on ne verra qu’encore plus de morts, et encore plus de sang versé.

Les hôpitaux ayant des patients en soins intensifs ne peuvent pas être évacués, et surtout pas l’hôpital Al-Shifa.
2,2 millions de personnes ne peuvent pas vivre sans carburant et donc sans électricité, indépendamment de ce que le Hamas a fait ou fait encore.
La moitié de la population n’a nulle part où aller, sachant que même avant les bombardements, il y avait une crise humanitaire à Gaza.
Le Hamas est terroriste, mais l’Israël est nazi. Est-on dans une compétition pour savoir lequel des deux est le plus maléfique ?

Je ne sais pas si on assistera à une guerre des civilisations, mais l’avenir me semble sombre. La Russie, le Moyen-Orient, la Chine : tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien. Pourtant, il faut, il faut que l’on vous dise, on déplore un tout petit rien : un incident, une bêtise, la mort de votre jument grise. Mais, à part ça, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien.

BONUS : Lectures supplémentaires

Sur le site Orient XXI, De de Gaulle à Macron, l’affligeante dérive de la politique française au Proche-Orient :

L’attaque du Hamas, le 7 octobre, en bordure de Gaza, a fait une victime dont il n’est jamais question : l’Histoire. Soudain, la longue tragédie du peuple palestinien n’a plus d’origine ni de généalogie. Le conflit israélo-palestinien serait né le 7 octobre, et c’est le Hamas qui l’aurait inventé. La seule idée qu’il y ait eu un « avant » entraine immédiatement des cris indignés. Qui se risque à évoquer cette longue, trop longue histoire, est complice du Hamas, voire antisémite.

Ainsi, on est dans le bureau de l’Élysée, en mai 1967, quand De Gaulle demande au ministre israélien des affaires étrangères, Abba Eban, que son pays ne prenne pas l’initiative d’attaquer l’Égypte. On s’invite à la prophétique conférence de presse de novembre 1967, dont on n’a retenu à tort que les mots polémiques « les Juifs (…) peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur », quand l’essentiel était dans cette autre phrase : « Un État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir ».

On assiste comme si on y était, en 1976, aux premiers contacts officieux entre Issam Sartaoui, l’émissaire de Yasser Arafat, et le général israélien Mattiyahu Peled, dans un appartement parisien. On entend le Palestinien dire à son interlocuteur « je suis un terroriste, (mes) mains sont celles d’un médecin, mais elles ont aussi tué des juifs ». Et le général israélien lui répondre « j’ai fait quatre guerres contre des armées arabes et contre les Palestiniens ». Deux guerriers devenus gens de paix. Quand la volonté existe…. On est, bien sûr, aux premières loges quand François Mitterrand reçoit Arafat avec les égards d’un chef d’État, le 2 mai 1989.

La rue pro-israélienne portée à incandescence au moment de la guerre de juin 1967 par une propagande qui ne recule devant aucun mensonge, jusqu’à obtenir de France Soir, le grand quotidien de l’époque, qu’il titre « Les Égyptiens attaquent Israël », alors que c’est l’inverse. On voit bientôt apparaitre des intellectuels médiatiques très efficaces dans le discours pro-israélien. Bernard-Henri Lévy, déjà ! On voit naître aussi les mouvements de solidarité avec les Palestiniens quand les fedayins rejoignent « dans l’imaginaire militant (…) la figure du guérillero latino-américain ou du combattant vietnamien ». On croise Jean Genet, Jean-Luc Godard, et bien sûr, Jean-Paul Sartre qui va jusqu’à justifier l’attentat contre des athlètes israéliens, aux Jeux olympiques de Munich, en 1972, par des mots qu’on ne peut plus entendre aujourd’hui : « Les Palestiniens n’ont pas d’autre choix. Faute d’armes, ils ont recours au terrorisme. »

La mémoire permet aussi de se rappeler ce que furent vraiment les accords d’Oslo, si déséquilibrés, et tellement illusoires. Rien ne les a torpillés plus que la colonisation. Toujours le « fait colonial » qui ruine encore ces derniers temps les chances de créer un État palestinien. L’histoire peut aussi rallumer l’espoir. Après tout, elle n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui. Les Palestiniens ont été populaires dans notre opinion, en 1987, au moment de la première Intifada, et alors qu’Arafat menait une campagne diplomatique de grande envergure. Mais c’est lui, Arafat, qui avait fait le pari du compromis et de la paix, que les Israéliens ont tué symboliquement en 2000, pour lui préférer un autre adversaire : le Hamas. La cause palestinienne s’en est trouvée abîmée. L’islamisation du conflit, aidée par les attentats du 11 septembre 2001, est devenue la grande imposture du discours occidental.

La France officielle prend définitivement le parti d’Israël. Les attentats de 2015 à Paris, qui n’avaient pourtant rien à voir avec le Hamas, entretiendront la mauvaise fable d’une guerre de religion. Et ce n’est pas le successeur de Sarkozy, le socialiste François Hollande, qui reviendra en arrière.

En visite à Jérusalem, en novembre 2013, il ne pousse pas la chansonnette pour célébrer son hôte, Benyamin Nétanyahou, mais il se dit prêt tout de même à « trouver un chant d’amour pour Israël et ses dirigeants ».

La France d’Emmanuel Macron, dans le sillage d’Israël, joue de tous les amalgames pour mêler les Palestiniens au Djihad global dans lequel ils ne sont absolument pas impliqués. Pas même le Hamas. Les auteurs citent enfin un rapport d’Amnesty International du 1er février 2022 : « La population palestinienne est traitée comme un groupe racial inférieur et elle est systématiquement privée de ses droits ». La France officielle soutient sans vergogne l’extrême droite raciste au pouvoir en Israël.

Sur le même site, « En France, je n’ai pas eu le droit de soutenir mon peuple » :

Ces âmes sensibles ont-elles oublié les manifestations pacifiques de la « Marche du retour » organisées à la frontière entre Gaza et Israël en 2018 et 2019, lors desquelles plus de 230 Gazaouis ont été abattus par des snipers israéliens comme des animaux ?

Tout le monde a compris la nécessité pour l’Ukraine, État vulnérable face à l’« ours russe », de se défendre avec tous ses moyens, à la faveur d’un soutien international et moral allant des livraisons d’armes jusqu’aux prières collectives. La cheffe de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, a ainsi déclaré :

« Les attaques russes contre les infrastructures civiles, notamment l’électricité, constituent des crimes de guerre. Couper l’accès à l’eau, l’électricité et le chauffage aux hommes, aux femmes et aux enfants, à l’approche de l’hiver, sont des actes de pure terreur. Et nous nous devons les qualifier ainsi. »

J’écoute avec étonnement. Mais bien sûr que couper l’électricité et l’eau aux habitants de Gaza, avec l’arrivée de l’hiver, c’est du terrorisme !

IMPORTANT : Je ne suis pas d’accord avec l’intégralité de l’article ci-dessus. L’autrice soutient la lutte palestinienne par tous les moyens, et met le mot « terroriste » entre guillemets quand il s’agit du Hamas. Cet article ne devait pas être publié par Orient XXI, qui est généralement plus sensé que cela. Car non, le massacre du 7 octobre ne fait pas partie d’une « résistance armée » du peuple palestinien. Nay Al-Karmal, si c’est son vrai nom, mériterait d’être expulsée de France.

Un autre article d’une moralité discutable, Cette étrange lueur morte dans les yeux d’un jeune Gazaoui :

« Où vas-tu comme ça ? Tu sais qu’on va bientôt manger.
– Je vais lancer des pierres sur les soldats, ils sont à côté du terrain de basket.
– Ne rentre pas trop tard… »

« C’est mon deuxième fils, lui aussi est en prison.
– Pourquoi ?
– Parce qu’il est palestinien. »

« Mais pourquoi vous tirez des roquettes ? Vous savez très bien que vous ne gagnerez jamais militairement contre Israël.
– Au moins, quand on tire des roquettes, vous parlez de nous. »

« En tout cas demain je n’aurai pas classe.
– À cause du couvre-feu ?
– Non, les soldats ont pris l’école pour y mettre les gens qu’ils arrêtent dans le camp. »

« Et quand tu es sorti de prison, tu as réussi à rattraper le retard à la fac ?
– Même si j’avais continué d’étudier en prison, j’ai dû pas mal travailler en sortant mais oui, j’ai fini par le rattraper. Et là maintenant je prends de l’avance. Pour la prochaine fois où ils m’arrêteront. »

« Avec les roquettes, la vie doit aussi être dure à Sderot, à trois kilomètres en face de Gaza.
– Tu sais que Sderot a été construite sur les terres du village de Najd, d’où tous les Palestiniens ont été chassés en mai 1948 ? Ensuite, ils se sont réfugiés à Gaza, et ils y sont toujours. »

« Un jour je prendrai une arme et j’irai tirer sur les soldats.
– Tu en toucheras peut-être un ou deux, mais le troisième te tuera.
– Tu préfères que je meure écrasé par le toit de ma maison dans un bombardement ? »

« Et tu en connais, toi, des chrétiens qui ont voté pour le Hamas ?
– Bien sûr. Pour plein de gens, c’est un vote politique, pas religieux. Un vote contre les corrompus de l’Autorité palestinienne, un vote pour dire qu’on ne renoncera pas à lutter pour nos droits. »

« Tu as entendu pour l’explosion à Tel-Aviv ?
– Oui, visiblement c’est assez moche.
– C’est normal que de temps en temps eux aussi ils meurent. »